Le retour !

19 mars 2017

Le retour a été froid, le retour a été cotonneux. Mais le retour est surtout arrivé plus vite que nous l'avons souhaité. Trois mois sur deux roues durant lesquels le temps, lui, a volé. C'est le prix à payer pour des instants délicieusement passés : ce temps qui file, et la nostalgie qui pointe ...


Comme dans une scène au ralenti, un peu incrédules, nous avons d'abord refait nos cartons dans la Chillout guesthouse, notre maison de là-bas, à l'endroit-même où nous les avions montés quelques mois auparavant. Zozo sourit avec mélancolie, il se rend compte que le départ est imminent.

Puis, après une escapade à Singapour, nous avons dû défaire les cartons sous le regard vigilant de l'hôtesse en poste : "Non non, vous n'avez pas de poids excédentaire mais vous êtes priés de transférer dix kilos par boite dans vos bagages à main" ... "encore quelques uns et je laisse passer le paquet". 


Puis, nous avons remonté le temps et parcouru une bonne partie de la planète à quelques 30000 pieds sur terre, en compagnie de la fille du train, de Scrat, de Max, Duke et ses amis et de plein d'autres personnages qui nous ont un peu fait oublié le retour. (Les mignonnettes de vin et de whisky y ont aussi contribué... les hôtesses qui tiraient la tête un peu moins par contre ...)

Enfin, nous avons fait cette dernière escale à Londres. Mais là, nous nous étions comme trompés d'heure. Ils était tôt. Six heures du matin. Un air frais presque glacial nous a tirés de notre rêverie à la sortie de la bête mécanique. Nous nous sommes réfugiés dans les grandes salles de l'aéroport de Heathrow. Généreux, le soleil se levait et, bienveillant, illuminait de ses rayons les salles d'attente de l'aéroport. Nous assistions à ce spectacle, un peu groggy, affalés dans les divans d'un starbucks de fortune, plongés dans une scène dans laquelle nous dénotions quelque peu avec nos guenilles dépareillées et notre teint de glandeurs. Tout autour de nous : des hommes et des femmes dans des habits de croque-mort. La couleur sombre prédomine et la plupart des passagers revêt un masque de mine sérieuse. Café fumant à la main, oreillettes - connexion privilégiée avec le monde des affaires   -nous sommes au milieu d'hommes et de femmes d'affaire, comme des cheveux dans une soupe ... 

Puis nous sommes montés dans le dernier avion direction Zaventem. Un avion "tout pourri" en comparaison avec le gigantesque A380. Il tremblait dans les airs comme pour nous préparer au froid qui allait nous accueillir de l'autre côté de la manche. À Zaventem, nous réceptionnons nos cartons, et nous nous affairons à monter une dernière fois les bébêtes. Sous le regard amusé des policiers en vadrouille.

À vélo depuis Zaventem, nous re découvrons le froid et sa caresse vivifiante. Nous apprécions aussi la commodité des pistes cyclables. Sur la route par contre, nous voilà un peu moins rassurés, la vitesse, même en ville, est bien plus élevée de ce côté-ci du globe et puis par ici, les voitures te frôlent sans s'annoncer de ces coups de klaxons auxquels nous nous sommes bien vite habitués ...et qui nous manquent ! Joviale cacophonie, les klaxons enjoués des automobilistes asiatiques nous manquent ! Qui l'eût cru ... Et de cette petite pluie fine et glacée, nous nous en serions bien passés. Nous arrivons néanmoins enthousiastes à destination ... où les retrouvailles nous réchauffent et nous font oublier qu'ici il n'y a pas de palmiers... 

Quand on arrive en ville ! 

Et Bruxelles nous a, à son tour, accueillis ! Ou plutôt la ville, la grande ville, la grande ville sous sa cape mélancolique nous a accueillis. Très vite nous nous sommes re acclimatés. Qu'il fait bon de pousser la porte du Tiramisu et d'être replongés dans cette scène rassurante et rieuse autour du comptoir. Ou de débarquer chez Jean-Louis (De Bruxelles et D'Ailleurs) un dimanche après-midi et se retrouver entourés de musiciens et d'instruments, à pousser une chansonnette improvisée pleine d'entrain !
oui, oui, c'est le zozo qui pousse la chansonnette !


Drôlement, nous avons eu un peu plus de mal à nous ré acclimater au "port du chien" en ville ... 

Car oui ! Nous avons aussi retrouvé notre meilleur ami qui a lui aussi eu droit à des vacances dans sa deuxième famille. Et avec lui, nous nous sommes à nouveau promenés, dans les rues rassurantes de notre précieux et chaleureux quartier ... sauf que ... nous nous sommes montrés un peu indisciplinés ... 

Retrouvailles canines acte 1...

Dix heures du soir, colonne du Congrès, pas un chat à la ronde.
Des balles plein les poches mêlées à de vieilles croquettes saveur barbecue, nous lâchons la bête.
Patras rentre dans l'arène.
Nous sommes plutôt bien équipés pour le rappel et, à la chaleur de la flamme, nous sommes seuls avec le soldat inconnu. Nous ne gênons donc, comme souvent à cette heure tardive, personne. Excité comme une puce, Patras coure donc après la balle.
Une fois, deux fois, trois fois. Quelques passants traversent le décor, nous arrêtons le bolide poilu. La voie est de nouveau libre, nous reprenons de plus belle ...
... Nous en sommes à notre dixième set lorsque l'attention de notre toutou est soudain déviée de la trajectoire de la balle et attirée par autre chose : un petit chienchien et son maitre (un peu moins petit, lui). Patras va dire bonjour et butte sur la méfiance du maitre qui, surement impressionné, soulève sa Choupette, tel un vulgaire baise-en-ville (il faut dire que la taille et le poids de Choupette prêtent la bête à ce genre d'acrobatie). Le yoyo poilu attire de plus belle l'attention de la notre de bête. Nous nous empressons de rappeler la patate à l'ordre - croquette, baballe, sifflement et caresse, il obtempère à la mode de Pavlov ... "les chiens doivent être tenus en laisse !" vocifère papy, Choupette à nouveau au sol, "nous sommes désolés, monsieur" lui répondons-nous tout en attachant le chien "je vais appeler la police, j'appelle la police !!!" ajoute-t-il d'un air menaçant qui nous fige en mode "arrêt sur image", hébétés, alors que nous sentons le soldat inconnu se retourner sous nos pieds ...

... bon, promis, la prochaine fois nous lâchons le chien quand papy est couché ...    

... acte 2...

Petit matin dans son voile de brume. Patras promène "soso le zombie" : long manteau, écharpe, bottes, capuche et regard interrogateur "mais qu'est-ce que je fiche là au juste ?". J'avance en mode somnambule. Je ne relève donc pas lorsque la Patate au bout de ma laisse se soulage sur le pneu d'une voiture stationnée. Sauf que, l'apparent propriétaire de la voiture n'est pas loin. Non content il grogne. Désolée, je m'excuse. Tout en notant dans un coin de ma tête qu'il y a peut être des gens dans ce bas monde qui lèchent les pneus de voiture ... ou peut être plus simplement qui se lèvent du pied gauche de temps en temps. Au fond, ça nous arrive à tous...

... et acte 3

Ensuite, il y a eu cette dame. Cette très gentille dame qui a pris un peu de son temps pour m'expliquer la ville.

Dix heures du matin et le soleil est au rendez-vous !
Patras me traine alors que je savoure la douce caresse du soleil.
Je marque une pause pendant que le toutou marque son territoire sur la façade arrière d'une maison abandonnée.
Soudain, une voie féminine et autoritaire sur le trottoir en contrebas me sort de mon bain de soleil "Vous savez madame, c'est interdit ça ?! Votre chien doit uriner côté rue. Vous savez que vous pouvez avoir une amende pour ça?" Son côté mi-moralisateur, mi-justicier me glace ... Je n'aime pas cette sensation de chaud-froid, vous savez... la douche froide ? Je suis prête à aboyer puis ses lunettes de soleil me rappellent que la journée est belle et qu'il est inutile de la plomber avec des batailles perdues d'avance. Et puis, la dame n'a pas l'air si méchante que ça et elle ne dit qu'une vérité qui, en fin de compte, a surement son sens. Et puis au fond, elle me met en quelque sorte en garde et c'est fort urbain de sa part.

"La prochaine fois la police, elle peut vous demander vos papiers d'identité, madame, vous savez ça ? Oui oui ! Vos papiers d'identité !" Bon, elle éternise quelque peu sa mise en garde, mais je m'excuse sincèrement et la remercie de me prévenir. Et la rassure aussi : à l'avenir, promis, je ferai attention.

Elle ne lâche cependant pas l'affaire. "Ah oui ! Faites bien attention car la prochaine fois, on vous verbalise et puis (elle montre de ses deux bras tendus vers le ciel les habitations tout autour et au-dessus de nos têtes, comme pour sous-titrer la suite de sa tirade) et puis faites bien attention, les voisins vous observent, et ils pourraient vous suivre ..." Là, je ne veux pas me tromper, mais je décèle un ton légèrement menaçant ... J'envisage, une seconde, une nouvelle carrière basée sur l'observation et la délation, notre belle grande fenêtre pignon sur rue est idéale et maintenant j'ai un peu de temps ... "mais non loulou, ce n'est pas ta faute à toi hein, je sais ça"  ajoute-t-elle, avec une voix toute mielleuse, en s'adressant à Patras.  Intérieurement, je reste un peu coite : la menace pour moi et le miel pour le chien, "merci madame !". Elle se tient  néanmoins à distance et elle a raison, Patras commence à s'impatienter, il grogne. Il sent qu'au bout de la laisse, il y a sa maitresse qui intérieurement hésite entre le "attaque toutou" et le "couché mon loulou et ferme ta g***** encore un petit peu" En silence, les grognements du monsieur qui lèche les roues de sa voiture me reviennent à l'esprit. Ça va être compliqué les prochaines sorties, mon chien. Je le regarde, et mes yeux s'illuminent un moment en pensant à l'invention d'un urinoir canin portable ... mais j'abandonne l'idée aussitôt que madame me lâche la grappe. 

Bah, au fond... elle ne fait que me prévenir, m'informer. Et puis, nous avons bien de la chance d'avoir des trottoirs et des façades alléchants...

Je continue mon chemin tout de même quelque peu interrogative. Et, inconsciemment, me questionne sur le sens de tous ces codes. À cette laisse qui me traine. À ces murs qui doivent rester propres malgré l'air étouffant des grandes villes, à ces pneus que l'on lèche, aux voisins qui vous observent et qui pourraient vous suivre à la trace au fil des pipis que votre chien disperse, lui, au gré d'un instinct animal qui lui est propre ; à ce monsieur qui balade son chien comme on balance son baise-en-ville, aux pipis qu'on interdit, aux particules fines qu'on tolère ...

Et je repense à Tobby, à Tobby de Port Barton qui ne connait pas la laisse et qui urine sur les châteaux de sable que les enfants construisent ... et qui ne connait pas les amendes, ni les urinoirs pour chien ... là où l'on n'a pas le luxe de penser à ce genre de détail ... 

Remède contre la nostalgie : ne pas cesser la découverte

Très vite, nous avons recommencé à rêvasser. 

Qu'est-ce qu'elle nous manque cette liberté de découvrir, de se promener, de pédaler. Qu'est-ce qu'ils nous manquent les paysages de carte postale, la rencontre de l'autre sous prétexte de voyage ... 

Notre voyage nous chatouillait les pensées, d'innombrables images nous revenaient à l'esprit et la nostalgie a à nouveau pointé le bout de son nez. Tout en rêvant de notre pays de l'autre côté de la terre nous sommes alors allés de l'autre côté de la Belgique, direction la côte, notre Boracay d'ici. Pour prendre une bouchée d'air frais en bonne compagnie. Et gouter au dépaysement à deux pas de chez soi ... et ça a fonctionné ! 

Une vague de nostalgie nous a alors joué de drôle de tours... "là-bas" et "ici" se sont confondus en des associations bien saugrenues. 

Nous avons fait une balade à pied, vu que le vélo de soso est parti en solo pour d'autres horizons.  Un des accueils que nous a réservé la grande ville a été en effet celui, plus triste, du vol de vélo. Quelques heures de restau, un cadenas pas des plus solides, et le tour est joué dans la fréquentée rue Sainte Catherine. Soso préfère croire que son vélo en avait marre d'être stationné ces derniers temps ...

Nous nous sommes baladés dans les rizières du plat pays : les polders ! Ben oui au fond : des cultures et un système d'irrigation que l'histoire a conservés jusqu'à nous. Bon, ok, ça ne date pas de quelques deux mille ans ni n'a sculpté le paysage belge en un paysage incroyable mais ... c'est beau !  


Puis, nous avons pris la direction des dunes. Agréable promenade, à la fin de laquelle, nous sommes arrivés à la Boracay de chez nous. Sur le chemin, nous avons même croisé des maisons Ifugao. Et puis, de retour à la maison, des espèces de gros baluts nous attendaient ! Sacrés souvenirs !

le littoral de Oostduinkerke 
dépaysement à Koksijde...voyez la maison au loin ...
... ne ressemble-t-elle pas à ...

... cette maison ifugao dans la cordillère philippine - à Pula ... avouez que la ressemblance
avec celle croisée dans les rues de Koksijde est frappante !!!!
un balut ? (en fait c'est juste un oeuf d'oie...)  

... finalement, il ne faut pas aller de l'autre côté de la terre pour gouter à la liberté qu'offre la découverte. La découverte est là où nous choisissons de voir la réalité avec d'autres yeux et créons ainsi l'étonnement, la surprise et le sourire !!



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