Waiting for Manila

27 octobre 2016

Fermer les yeux et se laisser surprendre par les sons d'une aventure lointaine est une manière inattendue de voyager dans le temps et dans l'espace ... surprise sonore ... qui entremêle passé et futur, nostalgie et excitation ... en attendant Manille, voici quelques extraits de son concert quotidien ... 
Il existe de multiples manières de visiter un endroit, de se remémorer un voyage, de le préparer, de s'y préparer ... on peut lire, relire, se laisser transporter par les mots qui décrivent les recoins, les ambiances, les paysages, des portions de vies qui s'y sont déroulées ; de même on peut voir, revoir et revoir encore des photos, des portraits, des représentations, des croquis ... en parler, raconter, échanger, ... 

... en attendant de se retrouver dans les rues de la scandaleuse Manille, nous vous invitons aujourd'hui à fermer les yeux ... et vous laisser transporter par une approche sonore de la mégalopole ... 


RIZAL AVE X RECTO AVE


Rizal Ave croisement Recto Ave. 
C'est là où Manille est la plus angoissante. 
C'est là où Manille se montre la plus féroce. 
Elle te coince sans prévenir entre d'imposants barreaux aux contours mobiles. Et tonnants. C'est un de ces endroits maudits, où rien jamais ne s'arrête, condamné à l'activité incessante d'une ville exsudant son trop plein quotidien. 
Heureux sont ceux qui ne font que passer. 
La jungle sonore à cet endroit se propage à plusieurs niveaux. Le niveau rue est le plus déroutant ... à même le trottoir, la ville s'agite tout autour du passant. 
... Vous l'entendez le monsieur qui vocifère, quelque part derrière vous, comme au marché ou comme tout droit sorti d'une quelconque institution mentale ? ... Il fait son job. Son job improvisé sur les bords d'un trottoir pollué. Il racole, il racole les passants pour qu'ils montent dans l'un des jeepneys qui attendent de partir. De se remplir. Souvent, en écho à ses cris résonnent des pièces de monnaies jetées dans un contenant ... ce sont les passagers du jeepney impatient qui paient leur course vers une destination quelconque. A bord d'un jeepney, tout arrêt est possible. Il suffit en effet qu'il se trouve dans la direction indiquée par les écritures sur la carcasse du bolide ... Les distinguez-vous ces frappes métalliques ? C'est ce même monsieur qui frappe sur la carcasse usée du jeepney en attente, elles signifient de partir "casse-toi t'es plein va dégueuler ton chargement ailleurs !".
En écho à la cacophonie niveau rue, comme pour compléter le tableau sonore, pour refermer l'enveloppe oppressante, c'est la bête mécanique niveau supérieur qui rentre en action. L'entends-tu à la seconde 8, à la minute 2 et ses 30 secondes ... ? Le metro aérien qui de son poids sonore s'écrase sur le passager inexpérimenté ? ... PAF ! Il t'écrase. Sournoisement. Sans crier gare. Comme d'ailleurs le motard qui à côté de toi se fraie un passage, ou ce flot de voitures aux poumons encrassés ...
Tout semble si sauvage mais dans ce tableau sans queue ni tête la vie avance pourtant. Et c'est ainsi qu'elle a l'habitude d'avancer.


JEUX DE RUE À REMEDIOS CIRCLE

La rue est un terrain de jeu.
Malate.
Remedios Circle.
Chaque jour, il est le point de rencontre des gamins du coin ... qui sortent du dédale des ruelles qui s'étendent à l'arrière des bâtiments du quartier ... telles des succursales citadines dans lesquelles des tas de famille y mènent leur vie, dans une normalité déroutante. S'y promener c'est être désorienté. Prenez-là donc, cette petite rue, qui part de Remedios circle ou de la Orosa street, elle s'ouvre sur une réalité parallèle : habitations entassées, rigole au milieu d'un passage exigu, qui semble sur nous se resserer, toits de tôles, familles entières qui vivent entre l'intérieur et l'extérieur de leurs habitations étriquées, à cheval sur un quotidien incertain ... Ils vous salueront. Vous observeront. Vous laisseront un gout amer. Déconcertés. Déconcertants. Remedios Circle est un des terrains de jeu des enfants du quartier. Ils y courent, ils y jouent, y grandissent. Cette scène enfantine donne-t-elle une nuance légère au paysage urbain ou le rend-elle plus grave qu'il ne l'est ?


MUSIQUE A MAKATI

Un peu plus loin. Makati. Arrêt Ayala. La mélodie manilène épouse d'autres sonorités. Un drôle d'orchestre au son saturé, accompagne la bande sonore citadine aux prises avec l'incessante mélodie d'un étouffant quotidien. Langoureuse, la mélodie chantée pousse plus loin la dissonance quotidienne. Est-ce plus supportable ainsi ?


BECAUSE YOU LOVE ME A MANILLE

Manille est une ville qui chante. S'il y a bien un endroit au monde où on ne vous regarde pas de travers lorsque vous chantez tout en faisant vos courses, dans le bus ou en marchant, c'est bien Manille et, plus largement, les Philippines. Après quelque temps là-bas, ne vous étonnez pas si, en choisissant vos produits dans les rayons aseptisés d'un supermarché quelconque, vous vous surprenez à chanter, à voix étrangement haute, la mélodie que la radio de l'établissement diffuse ...

Particulièrement le karaoke, comme dans beaucoup de pays d'Asie, est un sport national. Et à Manille, comme dans beaucoup d'autres villes philippines, les notes dissonantes d'instants de divertissements se mêlent, au détour d'une rue, à la vie au dehors.

Dans cet extrait sonore rempli d'humour, on est en pleine rue, en pleine journée, dans le quartier de Malate. Je revenais, me semble-t-il, d'une petite course dans le mall à côté de la guesthouse. C'est une des prises de sons qui m'émeuvent le plus. C'est toute la spontanéité de Manille, et son absurdité également qui en ressortent. Dans cet extrait sonore, se mêlent avec humour le côté sauvage et effréné d'une ville en bruyante activité, et une mélodie décalée qui surgit d'on ne sait où mais que rien ne semble pouvoir arrêter.


AUTRES SONS D'AILLEURS ... 

Cher lecteur si tu veux voyager encore un peu en sons et en mots, nous t'invitons à faire un tour par ici, petit recoin du web qui t'emmène en Thaïlande au son de scènes de vie lointaines...   


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