Chasse aux trésors à Negros

2 février 2017

Negros nous charme de plus en plus. Depuis Malatapay, face à l’ile d’Apo, nous n’avons presque plus croisé de touristes si ce n’est le typique vieux bougre occidental à la belle et jeune Filipina qu’il trimballe sous le bras. Les routards, les spring breakers, les invétérés du Club Med et autres voyageurs en tout genre ne considèrent apparemment pas mettre Negros dans leur programme de séjour. En tout cas pas le Negros en dehors de Dumaguete, Apo island et Bais …

Le dépaysement n’en est qu'accentué. Une fois de plus : nous voyageons dans le voyage. Nous avons la sensation de fouler des sentiers tels des explorateurs à la recherche d'un trésor … 

À la découverte de Bayawan

Une de ces explorations, nous l’avons faite lors de notre pause de deux jours à Bayawan. Ville de taille moyenne au charme discret, Bayawan semble cependant renfermer dans ses alentours de petits trésors naturels. Nous entreprenons de les découvrir le lendemain de notre arrivée du 24 janvier. La réceptionniste de l’hôtel nous confirme qu’il y a beaucoup de cascades dans les environs et nous conseille de nous adresser à l’un des chauffeurs de tricycles de la station du « public market » et de marchander une « journée découvertes ». 

Enjoués et confiants, nous suivons son conseil. 

Mais, arrivés à la station des tricycles : personne ne nous calcule. 

Alors que dans de nombreux autres endroits, les chauffeurs se seraient précipités sur nous en nous offrant multiples trajets, ici : on nous nie. Nous accrochons finalement le regard d’un gentil monsieur, et lui expliquons notre plan de « louer » un tricycle pour une « journée tourisme ». 

Le gentil monsieur décline gentiment, il ne fait pas ça. Cependant, il nous conduit chez quelqu’un qui apparemment pourrait nous aider. « No tricycle, with the motorbike, Sir … », précise-t-il. Mais oui ! pourquoi n’y avons-nous pas pensé avant : louer une moto nous rendra plus autonomes ! Nous lui demandons alors combien ce serait pour la location d’une moto pour la journée … « No sir, no rent … you go with the driver » La location de mobylette ne se fait pas non plus, nous devons prendre le package : mobylette et son « Filipino Rossi ». Ok, nous comprenons. Nous commençons alors à marchander avec des chauffeurs qui n’ont aucune idée des prix qu’ils peuvent demander et qui lancent des montants à gogo (tous fort élevés bien sûr) … 

Nous n’avons nous-même aucune idée de combien donner. Nous appliquons donc la seule règle que l’on connait : marchander jusqu’à un accord … nous passons donc de 600 pesos par personne à 500 pour deux … Dans la foulée, nous oublions de vérifier si « Filipino » , alias Clint connait la route … de plus, nous ne relevons pas le fait qu’en partant, il se retourne quelques fois vers ses camarades de mototaxi pour, semble-t-il, demander des indications … 
...
...

Première cascade : Lourdes falls. 

Arrêt en plein milieu d’une route caillouteuse en face d’une maison traditionnelle. Clint a apparemment quelque question à poser. 

Clint : c’est bien par ici les Lourdes Falls ? 
La dame : opo (formule polie de "oui")
Clint : c’est vers où ?
La dame : là bas, à gauche …

Nous faisons demi-tour, Clint emprunte le pré sur la gauche … 

Nous : Clint ? On peut peut être poser la moto et continuer à pied non ? 
Clint : no problem no problem 

Il continue sur quelques mètres. Sur une pelouse un peu accidentée. Jusqu’à arriver au bord d’un cours d’eau jonché de gros cailloux le long desquels l’eau coule et joue à faire la mini cascade … 

Nous : Quoi ?! C’est ça la cascade ?????? 

Clint nous rassure, ce n’est pas encore là. 

Ouf.

Nous : can we walk ? 

Clint nous laisse descendre. 

Nous : Where are you going ????? 

Le voilà qu’il met une première roue dans la rivière... 

Clint : don’t worry don’t worry 

Une deuxième roue, et le voilà parti pour traverser à moto le cours d’eau … nous ne comprenons pas très bien son cirque mais nous le suivons à pieds. Nous passons une première fois devant un carabao mâchouillant son déjeuner. Il nous regarde passer, l’air un peu perplexe. 

Nous : non merci Clint, on te suit à pieds. Tu es sûr que c’est à mobylette que se fait le trek ? 

Soso se rappelle vaguement des commentaires laissés par des touristes sur le sujet : belle petite cascade mais le trek est un peu casse-pipe … En pensant à ce détail, nous ne réalisons pas de suite la route, le chemin, ou plutôt le passage qu’emprunte Clint à présent … 

Nous : euuuuuh ? Mais c’est un champs de canne à sucre … tu es sûr qu’il faut le traverser ? Non, non, merci nous n’allons pas monter sur ta mobylette, nous allons te suivre mais à pied. 
zozo : aide-toi de ton parapluie pour avancer louloute, ainsi la canne à sucre ne te crève pas un oeil 
Nous : il est où le chauffeur ? C’est absurde de passer par là, il n’y a même pas de chemin 
La canne à sucre : aïe aïe aïe mais c’est qui qui me casse les pieds là ? C’est pas encore le moment de la récolte par ici ???? 
Le carabao qui à quelques mètres de là continue son déjeuner : mais où sont-ils passés ? C’est un peu long, et bizarre d’aller faire pipi à trois et de surcroit en mobylette … 

Nous sortons finalement du champs de cannes à sucre et voyons le chauffeur rebrousser chemin. Ce n’est apparemment pas par là, on fait demi tour. Il insiste à nouveau pour que l’on monte avec lui à mobylette … 

Nous : non, non, merci, nous ne voulons toujours pas traverser un champs de cannes à sucre à dos de mobylette, nous te suivons … à pieds !

La deuxième tentative, pour trouver cette cascade, nous la faisons en remontant la rivière les pieds dans l’eau. 

La troisième : en remontant la rivière, non pas les pieds dans l’eau mais la tête sous le parapluie, il commence à pleuvoir plutôt à flots ! 

La quatrième tentative nous la faisons : 
- en descendant la rivière et non en la remontant !
- avec un deuxième guide, apparu de derrière les fourrés, apparemment du coin, qui ne parle pas un seul mot d’anglais et qui trace devant nous à tout allure ;
- le long d’une descente très raide, de pierres, de terre, de ronces et de bestioles, plutôt glissante … c’est du sport !

Finalement nous arrivons à la cascade ! Elle est belle ! Elle est très belle. Notre cher guide, Clint, a l’air aussi surpris que nous ! C’est bien la première fois qu’il la voit celle-là ! Les derniers mètres à faire, pour aller toucher l’eau, le zozo les fait sur son short ! 

Niludhan Falls

Après cette première découverte, nous sommes enthousiastes pour une deuxième exploration. Près de 40 kilomètres nous séparent d’elle. À dos de mobylette, nous traversons de magnifiques paysages : des champs à perte de vue, de la canne à sucre, de généreuses pentes, l’horizon dessiné par de grandes et belles montagnes … Les derniers kilomètres, nous les faisons sur une route de pierre qui monte et qui descend, prête à être prochainement asphaltée. Nous traversons une petite ville, poussiéreuse et branlante, et nous nous étonnons de longer des champs d’immenses acacias. Des chevaux y broutent l’herbe. Nous arrivons finalement à la deuxième cascade, dont l’eau est brunie par la terre que brasse les travaux publics. L’eau n’est pas cristalline, mais la cascade est immense, impressionnante. Elle nous hypnotise. 


Sur la route du retour, Clint nous parle alors des trésors cachés de Negros. Il nous indique, au fur et à mesure de notre descente, des endroits où seraient cachés des trésors laissés sous terre par les Japonais et les Espagnols. Le débit de paroles qu'il a tout à coup traduit la conviction avec laquelle il croit à ce qu’il dit, à ce que l’on raconte … Il n’en finit pas de parler, avec dans sa voie, un triste mélange de rêve et de désespérance. Il dit ne pas avoir les outils pour les chercher, mais que les européens pourraient en avoir, car ils ont l’argent … et que lui n’en a pas, mais qu’il aimerait en trouver, … et bla et bla et bla ... nous écoutons ses croyances qui font partie de la découverte. Nous remarquerons par la suite, que ces croyances sont partagées par une multitude de Philippins. Que nombreux sont ils à chercher des trésors, espoirs alimentés par des histoires de découvertes véritables ...

Nous, des trésors sur Negros, nous en avons déjà trouvé…mais d’une autre nature … 

Sur la route de Sipalay

Sur la route de Sipalay, nous petit déjeunons dans la charmante Basay, nous croisons la frontière entre Negros oriental et Negros occidental, nous déjeunons à Culipapa, en compagnie des nombreux enfants qui, durant leur pose de midi emplissent les rues du petit barangay et s’arrêtent pour nous regarder en riant timidement, et nous arrivons à Hinoba-an en fin de journée pour une pause bien méritée. 

zozo et son fan club 1
zozo et son fan club 2
zozo et son fan club 3
Le lendemain, nous reprenons la route vers Sipalay. Peu de kilomètres nous attendent mais une sérieuse montée couronne le court périple …
sur la route de Sipalay
Sur la route de Sipalay


Le coup de foudre pour Sipalay a débuté lentement. Et de manière mitigée. Il y a d’abord eu cette route sinueuse, qui nous a amenés à des points de vue magnifiques : les champs de riz au bas, la mer au loin, et un rivage sculpté par des collines qui se jettent dans la mer … Le dénivelé qu’il faut franchir pour arriver à destination est comme un parcours initiatique, on souffre avant la renaissance …(ou plutôt soso souffre, s’énerve, souffle, râle et … un peu plus tard … plutôt tard … le lendemain, elle renait petit à petit). 

L’arrivée à Sipalay déconcerte : on ne connait pas d’autre paysage aux Philippines qui ressemble à celui que nous traversons. Il y a un peu de Laos à Vang Vieng, un peu de Thailande côté Krabi et peut être un peu des Chocolate hills également : des champs de riz bordés d’innombrables concrétions rocheuses coiffées de verdure … un mini Palawan terrestre ? Petit. Discret. Encore peu développé.

Sugar Beach

Plus loin, sur la route vers Sugar beach, le dépaysement va en grandissant : route asphaltée qui traverse des rizières sur fond escarpé, rivière, petit pont, route de sable, la mer, concrétions surgissant de l’eau, petite rivière à passer en pumpboat ! Nous la traversons, faisons quelques pas et tombons sur une longue, très longue, très large plage de sable fin … protégée de part et d’autre par des rochers : c’est le paradis ! 

rivière à traverser pour arriver à Sugar beach

Suggéra beach vue de la mer
Nous y passons plus que le temps initialement prévu. Nous voyons une épave en snorkeling, de très beaux coraux, traversons une mangrove aux multiples bras d’eau, nous nous promenons et rentrons dans les grottes sur notre passage … il parait que Sugar beach portait initialement le nom de Langbud beach, qui signifie la plage des grottes … nous rêvons des multiples grottes encore à découvrir ! Là-bas aussi, on nous parle des trésors enfouis sous la terre de Negros … nous y rencontrons Liam et Thomas dans leur magnifique nid dans la roche, Safak et Andrew nous font rire aux larmes, nous trinquons avec le gentil Christian du Sugar rock cafe, soso arrive même à trouver quelque chose de charmant aux vieux loups pansus qui chantent du blues dans le bar de Christian !

turtle island, au large de laquelle une épave de cargo est visible en snorkeling

tour dans la mangrove
on peut rentrer dans de nombreuses grottes dans les falaises


… tout nous séduit ici 

… … sauf le prix des terrains et de la nourriture !! Nous apprenons petit à petit que le coin a été découvert en 2000 par quatre voyageurs suisses et allemands. Depuis, ils se sont passés le mot. Nous comprenons alors pourquoi la majeure partie des établissements est tenue par des Suisses et des Allemands. Nous comprenons également un peu plus la tranquillité et l’aménagement de ce petit paradis : plage très propre, petits chemins balisés par des fleurs et de jolies coques de noix de coco … précision. Tranquillité. Et propreté ... Nous profitons pleinement de cette ambiance relaxante.

Nous avons presque du mal à quitter cet endroit ... mais la route nous appelle ... même sous les tropiques le temps file 

Sur le chemin du retour, la rivière passée ...

Retour à Sipalay et Punta Ballo

Avant de reprendre la route, nous nous arrêtons une nuit dans la tranquille Sipalay. Petite localité de bord de mer où il fait bon flâner. Nous mangeons sur la plage, chez Frédéric, un français arrivé aux Philippines à vélo. Il a monté un restaurant en bord de mer « the mixed food restaurant ». Nous logeons chez François et Neil, au « L’ami and healthy ». François y développe toutes sortes de prototypes de moyens de locomotion solaires : le tricycle et la bangka. Ses inventions font écho aux tricycles électriques que nous croisons depuis Hinoba an. Les choses changent aussi au bout du monde … 



Nous allons également nous balader du côté de Punta Ballo, l'autre visage de Sipalay. Celui qui attire les plongeurs dans ses eaux riches de vie. La balade à vélo jusque là nous fait gravir des cotes et en dévaler d'autres raides ... très raides ... mais le paysage en vaut la chandelle ...



Et en attendant un prochain article ... un petit récapitulatif des kilomètres parcourus ... 

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