Sabang

1 janvier 2017

Sabang ou "rencontres à gogo"

Après Port Barton, nous prenons la route vers Sabang. Ce jour-là le soleil est, pour la première fois de notre séjour, brûlant et persistant. Vers midi, nous décidons alors d'héler un bus et de charger les vélos et le zozo sur le toit ... impossible de continuer sous un soleil aussi brulant sans se choper une insolation ...
les compagnons de voyage de zozo ... 
Nous ne le savons pas mais à partir de là, nos rencontres vont aller en augmentant. Nous avons fait la connaissance de beaucoup de voyageurs jusqu'ici, mais la magie de Noël va mettre sur notre route encore plus de découvertes humaines...

La première de ces rencontres nous la faisons à l'arrêt de la Salvacion junction, la jonction à partir de laquelle une route part vers Sabang et sa merveilleuse rivière souterraine. Nous arrivons à peine, que Benjamin nous entend parler français et entame la conversation. Après quelques minutes, il nous invite chez lui faire la connaissance de sa famille et de sa belle famille ! Et oui car "papa et maman Benjamin" sont récemment venus vivre aux Philippines et sa belle famille est plus locale!!! Heureuse retraite ! Et heureux mélange ! Nous le suivons car, nous venons de demander à un philippin qui passait par là, le jeepney pour Sabang ne passe qu'à 16h, il est 13h30 ... nous avons le temps !

Nous passons alors un super moment, riche en échanges ... sur de beaux et intéressants projets et récits de vie. Nous apprenons beaucoup sur l'évolution récente et future de Palawan, élue à maintes reprises meilleure ile du monde et pour laquelle le gouverneur à de sérieuses ambitions de développement. Le temps file lorsque la compagnie est bonne. 16h se rapproche, nous nous acheminons vers la jonction...

...où nous attendons ...
... nous attendons ...
... nous attendons ...
...
...

"- Zozo ? T'as demandé à combien de personnes l'heure de passage du jeepney ? 
- à une ... 
- ...
- ...
- t'as pas confirmé auprès de quelqu'un d'autre ? 
- non ... "

Silence nerveux.

"- Tu peux aller redemander s'il te plait ?" (le "s'il te plait" sonne un peu faux...et le point d'interrogation est superflu)
...
...
"- Alors ? 
- on l'a raté 
- pardon ?!!!
- il est passé à 14h"

Silence flippant.

"- on a quand même fait une belle rencontre ..." tente le zozo

Regard assassin

...
...
...


la nuit tombe sur la Salvacion junction
les touristes se succèdent à la Salvacion junction ... 
Finalement un van tant attendu arrive et nous charge. La nuit vient de tomber, nous ne pourrons pas profiter du paysage sur le chemin. Pourtant, nous devinons ses traits : routes escarpées et sinueuses, petits villages au détour d’une montée. Nous n’aurions pas pu faire ces 38 kilomètres à vélo et chargés. Ça monte tellement par endroit que le van peine à avancer. Les descentes sont tout aussi vertigineuses. Nous n’aurions pas pu. Surtout après la matinée passée à pédaler sous un soleil incandescent. 

Où dormir à Sabang : Café Sabang

Avant de prendre la route, nous notons le nom de deux trois hébergements glanés sur le net. Lorsque le chauffeur nous demande où il peut nous déposer, nous lui indiquons le premier nom dont nous nous rappelons : "Café Sabang po". Nous atterrissons alors dans un petit havre de paix aux portes de Sabang : grand salon commun de bois, bambous, multiples objets de décoration tout autour - artisanat, bricolage, coquillages, plantes, peintures, dessins, … grand salon chaleureux, recoin intime d’exposition, endroit rassurant de rencontres et d’échanges.



Et de suite, nous échangeons avec Silay et Flavia qui enchantent le lieu. Après quelques minutes nous refaisons le monde et parlons d'ici, de là-bas, sur le beau et le vicié, sur les multiples opportunités dans la vie, sur le choix, l’inertie, sur nos indécisions - ces portes ouvertes sur différents chemins tout aussi passionnants les uns que les autres … Cette belle rencontre est un prémice à toutes les autres que nous allons faire en peu de temps. Magie de Noël ? En effet, bien que Café Sabang ne puisse nous loger que pour la nuit du 23, nous décidons de passer le soir du Réveillon en ses lieux.

En deux soirées, nous en rencontrons des mondes ! Tellement enrichissant ! Cent fois mieux que le Lonely Planet, mille fois mieux qu’un programme de télévision, un livre, qu’un contrat conclu après maintes négociations entre les quatre murs inutiles d’une entreprise de renom … les rencontres sont si riches et si diverses les unes et les autres. Nous nous rendons alors compte d'une Manille ouverte au monde, terrain intéressant pour des expériences au long cour. Ainsi, Pierre et Paul y font un stage dans le cadre de leurs études de design d’intérieur. Ils nous parlent des rendez-vous qu’ils ont avec des personnalités de la capitale, de leurs réunions d’affaire au starbucks avec des gens de renom dont ils n’ont jamais entendu parler mais que pourtant les locaux admirent. Camille et Jérémy aussi vivent à Manille, depuis respectivement trois et douze mois. Ils sont bénévoles pour une ONG qui aide principalement les sinistrés des typhons par des chantiers de construction, de l’éducation, … Des regards et sourires complices ponctuent leur histoire qui, comme beaucoup de douces histoires, commence par leur rencontre inattendue à la veille d’un départ pour deux projets de bénévolat complètement différents : au Bénin pour Camille, et aux Philippines pour Jérémy. Après cette rencontre, un peu plus d’un an auparavant, et séparés par leur expérience respective durant un an, ils se sont enfin retrouvés sur le même terrain d’action à Manille … Ils ne sont pas les seuls, ils nous rappellent Madeleine de Port Barton et la charmante Australienne de Coron qui étaient aussi là depuis longtemps pour des projets dans le social ! 

Aussi, il y a les voyages au longs cours : Alexia et Chris qui reviennent du Népal avec des histoires incroyables qui mobilisent notre attention. Ils s'en vont grimper les falaises de El Nido et les diverses iles de l'archipel des Bacuit, et sont incertains de leur date de retour ! Amandine, pile électrique enjouée égaye la soirée en racontant ses histoires sur la route et cette route qu'elle trace au gré des rencontres. Depuis qu'elle a découvert le voyage, elle ne peut plus s'en passer. Saisonnière au bercail, c'est chaque année plusieurs mois de voyage qu'elle peut et veut s'offrir ...à la découverte du monde. Avec Cinzia, avant que son récit sur les aurores boréales mobilise notre attention, nous parlons d'abord en anglais jusqu'à la fatidique question :
"- where are you from ? 
- from Belgium 
- ah bon et de où ? 
- ah ! tu parles français ! De Bruxelles
- ah bon ! je viens de Schaerbeek ! 
- !!!!
- !!!!"

Il y a tous ces endroits où chacun laisse un peu de ses rêves : Alexia et Chris à Bulalacao et, plus particulièrement, à la White Lady guesthouse. C'est pour ça qu'ils y retournent. Et pour cette même raison que Cinzia s'y rend ...  

Pierre et Paul, c’est par Napsan beach, au sud de Puerto Princesa qu’ils se sont fait envoutés. Ce ne sont pas les seuls apparemment. Cet endroit encore vierge de tourisme et au sable blanc comme porcelaine en a ravi plus d’un, comme ce professeur d’histoire - géo, quelques mots et minutes échangées à son passage devant notre bungalow font entrevoir une vie épanouie « cela fait trente ans que je suis prof d’histoire geo à Bangkok et je suis heureux ». 

Et enfin, il y a tout ce que la route permet : ne pas utiliser sont billet retour, ne pas en avoir, revenir à un endroit, changer son itinéraire, se laisser porter, …    

Tout le monde se parle : quel que soit l’âge, l’origine, l’apparence, …on se donne la possibilité de l’échange … et on en ressort plus riche ... magie de Noël ... et du voyage ...









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